L’adaptation théâtrale de Elephant man par la compagnie du Midi est un projet passionnant pour le travail du costume. Les problématiques esthétiques et techniques que je rencontre constituent un cahier des charges précis. D’une part il y a le travail du noir et blanc, du contexte historique et géographique et d’autre part la multiplicité des personnages joués par seulement trois comédiens.
Dans son film, David Lynch a choisi un travail en noir et blanc qui accentue l’aspect dramatique du sujet. Il crée une atmosphère rappelant les films fantastiques de la Hammer. Dans cette adaptation théâtrale nous gardons cet axe. Je travaille les costumes dans des tons de gris, noir, blanc et des coupes historiques du début du XX° siècle.
Pour cette création nous voulons que les caractéristiques du corps de John représentent les malformations de la maladie de façon fantastique et non réaliste. La construction du faux-corps imite les excroissances visibles sur les photographies d’époque de Joseph Merrick et donne en plus l’illusion de la déformation de son squelette. Sur cette base, les autres costumes viendront noter l’évolution sociale de John.
La multitude de personnages à interpréter pour seulement trois acteurs demandent aux costumes de pouvoir intégrer des changements rapides. Cela définit le choix des solutions techniques de fermetures et l’utilisation d’éléments intégrés les uns aux autres. Ces différents personnages doivent être rapidement reconnaissables pour permettre la compréhension de la narration. Les silhouettes se définissent de façon efficace par des codes d’accessoires comme les chapeaux ou les manteaux.
Dans cette création costume, outre le contexte historique et les questions techniques, je cherche à faire transparaître l’univers sombre de l’histoire de Joseph Merrick. La violence, la douleur, l’espoir, la peur, la haine et la fraternité, dessine un paysage où l’ombre et la lumière se querellent. Le travaille du noir et blanc est un excellent exercice pour traduire cette dramaturgie.